Ce qu’il faut savoir avant de postuler dans un studio de yoga

Expérience, cadre pro, positionnement : les clés pour ne pas se griller dès le départ

Quand on termine sa formation de professeur de yoga, postuler dans un studio semble être la suite logique. C’est souvent ce qu’on voit comme l’objectif final : avoir “son créneau” dans un bel espace, faire partie d’une équipe, donner des cours réguliers. Et c’est vrai que cela peut être une belle étape dans un parcours professionnel. Mais ce n’est pas toujours la première à viser, ni la plus simple à obtenir. Il y a plusieurs réalités à connaître avant de se lancer : les types de studios, les attentes du secteur, et surtout, la posture professionnelle à adopter pour poser des bases solides.

Il ne suffit pas d’être diplômé pour être prêt

Non pas parce que vous n’êtes pas prêts à enseigner, mais parce que les studios sont plus exigeants, et à juste titre. 

Alors, un peu de patience et d’exploration sont nécessaires, car obtenir un diplôme est une étape importante, mais ce n’est que le début d’un parcours, d’une très belle aventure, certes, mais aussi d’un vrai métier. 

Beaucoup de jeunes professeurs, motivés et pleins d’énergie, veulent enseigner dès leur sortie de formation. Et c’est super ! 

Mais il faut garder en tête que les studios ne cherchent pas uniquement des gens formés. Ils cherchent des enseignants qui ont déjà un minimum de terrain, une capacité à s’adapter, à encadrer, à tenir un groupe.

Cela ne veut pas dire qu’il faut attendre des années pour postuler. 

SOS syndrome de l’imposteur ! 

Il y a de la place pour les jeunes professeurs. Mais les studios cherchent à prendre le moins de risques possibles. Ce qu’ils veulent, ce sont des personnes autonomes, stables, capables de prendre un créneau et de le tenir dans la durée. Alors avant de vous lancer, montrez ce que vous savez faire.

Donner cours, ce n’est pas juste mettre des postures bout à bout et changer l’ordre d’une semaine à l’autre. Il faut pouvoir faire des choix éclairés, construire une séquence qui fait sens et pour autant, faire face à l’imprévu, gérer les différences de niveau, tenir un cadre clair et rassurant. Et cela, ça s’apprend sur le terrain.

Sans oublier un point très important : votre professionnalisme, qui se traduit par la ponctualité, la réactivité, une communication claire, des factures bien faites, une prise de conscience du monde qui vous entoure, se mettre à la place des studios qui ont leur difficultés, ne pas les charger, mais être là pour les décharger justement. 

Être prêt, c’est ce qui protège votre crédibilité

Il est important d’insister sur ce point : ce n’est pas que vous n’êtes pas prêts à enseigner après une formation initiale 200h. 100% de mes stagiaires se disent prêtes à enseigner après mon 200h. Mais sur 200 professeurs formés, des stagiaires prêts à enseigner en studio et de manière professionnelle le lendemain de l’examen se comptent sur les doigts des mains. 

Ce n’est ni un échec, ni un retard. C’est juste normal. Une formation initiale 200h vous donne les clés, mais c’est à vous de travailler sur vos cours car, personne ne pourra le faire à votre place. 

Evitez de vous envoyer au casse pipe 

Ce serait dommage d’accepter un créneau trop tôt, “à peu près”, simplement parce qu’on est pressé de commencer, alors qu’on n’a pas encore l’expérience pour gérer un groupe, construire une progression, ou s’adapter à l’imprévu.

Dans un studio, personne ne va venir vous former ou vous rattraper si ça se passe mal. Si vous donnez un cours moyen, confus, trop fragile, vous ne recevrez pas toujours un retour bienveillant ou une seconde chance. Et parfois, ce premier cours peut suffire à vous griller pour longtemps dans ce lieu-là, voire dans d’autres. Ce n’est pas forcément juste, mais c’est souvent comme ça. Il faut donc entrer dans ce cadre quand on est prêt à le tenir.

Cela ne veut pas dire attendre dix ans pour se lancer. Il ne s’agit pas de nourrir le syndrome de l’imposteur et de se saboter en pensant qu’on n’est jamais à la hauteur. Il s’agit simplement de faire la différence entre un inconfort normal de débutant (qui fait partie du processus), et une absence de préparation réelle.

Personne ne vous demande d’être parfait 

Être prêt, cela ne veut pas dire être parfait. 

Il y aura toujours des petites choses à travailler : le timing, la musique, les assist, les adaptations, sa flexibilité à tout absorber en même temps. 

Cependant, assurez vous d’avoir un minimum de maîtrise technique, de clarté dans sa transmission, et une capacité à gérer un groupe. Vous devez pouvoir tenir un cadre même si vous êtes nerveux. 

Avoir un script aux petits oignons, des transitions fluides, une voix posée, des déplacements anticipés, des assist qui font une réelle différence, observer les corps, s'adapter…. Tout ça, ça vient avec la pratique, pas avec la théorie.

Comment se faire une expérience - concrètement - avant de postuler ? 

L’expérience ne s’acquiert pas uniquement dans les studios. 

Avant de postuler dans un studio, vous devez donner des cours hebdomadaires pour tout de suite mettre en pratique ce que vous avez appris, pour ne rien perdre. Là aussi, aucune injonction, si ce n’est pas le bon moment pour vous, vous verrez ça plus tard, mais ça prendra un temps pour se remettre dans le bain. 

Quelques exemples : 

  • donner des cours à vos collègues de travail sur la pause midi 

  • à vos voisins, amis 

  • dans n’importe quel endroit qui dispose d’une salle vide et qui vous prête une salle pour vous aider au démarrage

  • dans une association

  • proposer des sessions dans un parc,

  • louer une petite salle 

  • organiser des cours sur donation ou en ligne.

Ces formats ne sont pas “moins pros”. Ils sont simplement plus accessibles, plus souples, et permettent de vous rôder sans pression. 

Fame and learning before fric

L’objectif n’est pas de faire du chiffre, mais de vous faire une expérience et une réputation. De peaufiner votre patte, trouver ce qui vous rend unique, ce qui va faire qu’un studio aura envie de proposer vos cours, pour votre technicité, votre spiritualité, votre spécialité selon votre parcours etc. 

Ce sont ces expériences concrètes qui vous donnent confiance, qui forgent votre voix, et qui vous permettent de comprendre ce que vous aimez enseigner, à qui, dans quelles conditions. 

Plus vous aurez pratiqué avant de postuler, plus vous arriverez avec une posture claire, stable, posée. Ce n’est pas une question d’ego. C’est une question de professionnalisme.

N’attendez pas qu’un studio vous choisisse : un monde d’opportunités vous attend

N’attendez pas qu’un studio vienne vous “donner votre chance”. Ce n’est pas la seule voie possible, et ce n’est pas toujours la plus enrichissante. Il existe une multitude de façons d’enseigner aujourd’hui : les cours particuliers, les entreprises, les hôtels, les séances dans les parcs, les associations, les cours sur donation, en ligne… Ce sont autant d’occasions concrètes pour transmettre, progresser, affiner votre pédagogie et faire vos preuves.

Si vous avez envie d’enseigner, faites le premier pas. Louez une salle. Organisez une session avec quelques proches. Proposez un atelier en visio. 

Créez du lien autour de vous. Vous n’avez pas besoin d’attendre qu’on vous donne l’autorisation d’exister en tant que professeur. Le terrain est vaste, les formats sont multiples, et il y a un vrai besoin. À vous de l’honorer.

Un studio, ce n’est pas juste une salle : c’est un lieu de travail

Beaucoup de jeunes professeurs idéalisent les studios.

Mais il faut garder en tête qu’un studio est une entreprise. Il doit payer un loyer, remplir ses cours, fidéliser ses élèves. Un studio ne “donne pas un créneau” par bienveillance. Il propose un espace de travail, et attend en retour une qualité d’enseignement, une capacité à remplir, à tenir le créneau dans la durée.

Postuler dans un studio, ce n’est pas poser une candidature au hasard. C’est un choix réfléchi. Cela suppose d’avoir un minimum de visibilité sur sa pédagogie, sa communication, sa capacité à faire venir du monde. 

Mais aussi sur le studio en question, son ADN, ses profs, sa vibe. 

Cela suppose aussi de connaître les règles de base du travail indépendant : statut, facturation, assurance, déclarations.

Accepter un créneau en studio, c’est s’engager à l’honorer. Ce n’est pas un terrain d’essai. Si vous ne souhaitez pas le garder au moins 1 à 3 ans, laissez tomber. Ce n’est pas une étape obligatoire. Mais si vous la choisissez, faites-le avec lucidité.

Etre prêt à prendre des remplacements au pied levé !

Les remplacements ouvrent la voie

Prendre des remplacements au pied levé, c’est une opportunité précieuse pour gagner la confiance d’un studio, montrer son sérieux, sa motivation, s’adapter à une salle, rencontrer les élèves. Et souvent, c’est ce qui ouvre la voie vers un créneau régulier.

Commencez par là. Proposez-vous pour couvrir les absences, les congés, les imprévus. Soyez disponible pendant les périodes creuses : Noël, vacances d’hiver, ponts de mai, été. Ce sont des moments où de nombreux professeurs titulaires partent, et où les studios cherchent en urgence quelqu’un de fiable. 

Acceptez aussi un horaire peu idéal : tôt le matin, le dimanche…. Non pas pour vous sacrifier, mais pour être présent quand personne ne l’est. Dans ce milieu, la régularité et la fiabilité sont des atouts bien plus puissants que l’originalité.

Les remplacements sont aussi un excellent terrain d’apprentissage : pas de pression de “tenir un cours à soi”, mais l’occasion de tester sa capacité d’adaptation, d’écouter, d’observer, de sentir ce qui fonctionne ou non selon les groupes. C’est souvent dans ces moments-là qu’on affine sa posture et qu’on crée des liens durables avec un studio.

Tous les studios ne fonctionnent pas de la même manière

Il n’y a pas un seul type de studio, et il n’y a pas une seule manière d’y entrer. 

Certains lieux fonctionnent comme de véritables structures professionnelles avec un processus clair : appel à candidatures, auditions, démonstrations, période d’essai, retours pédagogiques. 

D’autres fonctionnent à l’intuition, à la confiance. Ce sont des lieux plus familiaux, construits autour de relations de longue date, où l’on est recruté parce qu’on connaît bien le lieu, qu’on a tissé des liens sincères avec l’équipe.

Dans ce deuxième cas, inutile de forcer une porte : ce n’est pas en “jouant la copine” d’un gérant ou d’un prof en place qu’on gagne sa place. La sincérité compte. Si le lieu vous parle, si vous aimez y pratiquer, si vous y êtes bien accueilli, alors vous pouvez vous y investir naturellement, avec le temps. Et si ce n’est pas le cas, ce n’est peut-être simplement pas votre endroit.

Le conseil ici est simple : ne vous dispersez pas. 

Choisissez un lieu où vous vous sentez bien, où vous avez envie de vous inscrire dans la durée. Soyez présent, cohérent. Un jour, s’il y a une opportunité, ce sera naturel de vous proposer quelque chose. Et vous serez prêt.

Conclusion : postuler dans un studio, ce n’est pas une fin en soi.

C’est une étape parmi d’autres, qui peut être belle, enrichissante, structurante… si elle arrive au bon moment. Ce n’est ni une récompense, ni un signe de réussite. C’est une responsabilité.

Si tu veux enseigner en studio, prépare-toi sérieusement. Travaille ta posture, ta pédagogie, ta voix, ton cadre. Expérimente. Donne cours dans des conditions simples, parfois inconfortables, mais toujours formatrices. Prends des remplacements. Observe. Apprends à t’adapter. Et surtout, ne reste pas dans l’attente.

Le monde du yoga évolue, les formats se diversifient, les élèves aussi. Il y a mille manières de transmettre aujourd’hui. Mais quelle que soit la voie choisie, ce qui comptera toujours, c’est ta solidité intérieure, ta clarté, ta fiabilité, ton engagement. Pas ton nombre d’abonnés. Pas ton niveau de souplesse. Pas le studio qui t’a ouvert ses portes.

Alors respire, ancre-toi, construis-toi. Ne cherche pas à brûler les étapes. Et quand ce sera le moment, tu n’auras plus besoin de courir après une place : tu seras prêt à l’incarner.

Parce que ce jour-là, tu ne chercheras plus à “trouver un cours”.
Tu seras déjà en train de transmettre.

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Qu’avons-nous raté ? Une réflexion sur la fragmentation du yoga contemporain